“Dans peu de temps, Geuretik Sortuak deviendra un incontournable de l'agenda culturel du Pays Basque”

01/06/2022

Alors que la première édition de promotion de la culture basque Geuretik Sortuak est sur le point de s'achever, le temps est venu de faire le bilan. Pour ce faire, nous nous sommes entretenus avec deux représentants de communes qui y ont participé: Koro Etxeberria d'Hernani (dorénavant, K.E.) et Paolo Albanesse représentant le groupement de communes de Sartaguda, Lodosa, Mendabia et Andosilla (dorénavant, P.A.).

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Dans vos deux cas, qu'est-ce qui vous a incités à participer à ce projet, et dans le cas des communes du Haut Erribera, qu'est-ce qui vous a amenés à vous réunir ?

K.E : Le projet nous a semblé génial. C'était un beau projet, intéressant, riche, mais surtout courageux.

Il est rare que l'on donne à la culture basque la place et la valeur que lui a donné GEURETIK SORTUAK. Et donc, nous ne pouvions pas laisser passer l'occasion de participer à une telle aventure marquée par un projet national, la place centrale de la culture, l'euskara, les artistes créateurs, accompagnés par des citoyens et un résultat ouvert à tous. C'est un projet aux multiples ingrédients.

En plus, il vient à point nommé avec le travail sur la création culturelle que nous menons à Hernani.

Mais aussi, la municipalité d'Hernani est membre d'Udalbiltza, et en tant que membres il nous semble important de soutenir tous les projets portés par l'institution.

P.A : Au-delà du partage du même territoire géographique (Au Sud du Pays Basque, sur les rives de l'Ebre), nos quatre communes ont une histoire commune marquée par les répressions et les exécutions politiques franquistes de 1936. La mémoire historique est donc pour nous un élément très important. Dans notre région, nous menons également un travail de récupération et de promotion de l'euskara. Dans chaque commune il y a une association de promotion de l'euskara qui organise tout au long de l'année des évènements, et les enfants de nos quatre communes sont scolarisés à l'Ikastola Ibaialde. Pour ces raisons, il nous a semblé intéressant de participer au projet Geuretik Sortuak. Nous avons eu, d'un côté, l'occasion de partager notre contribution à la diversité cartographique du Pays Basque avec l'aide d'un créateur culturel, et d'un autre côté, nous y voyions la possibilité de renforcer les liens entre associations de nos villages.

Que pensez-vous de la résidence créative qu'a effectué l'artiste (pour Hernani, le cinéaste Raul Barreras ; pour la Haute Erribera, l'auteure Maialen Akizu) et du résultat de son travail ?

K.E : Nous ne connaissions pas Raul, ni même son travail, mais dès que nous avons fait connaissance ce fut un plaisir de travailler avec lui. Originaire de la région de Karrantza il est venu à Hernani à la recherche de différentes réalités.

Concernant Hernani, le cinéaste a réalisé un court-métrage sur le choc entre deux mondes : un jeune qui s'est urbanisé et un vieil homme qui vit à la ferme. Il s'est très vite adapté à Hernani.

Avec Raul, ce fut une belle collaboration, facile, et des initiatives ont vu le jour dans la commune en lien avec le projet.

Des particuliers et des groupes d'habitants se sont pleinement impliqués dans le projet, mais il est aussi vrai que, concernant le processus de création, nous n'avons pas eu, dans la commune, la projection et la présence souhaitée. Cette première édition nous servira à améliorer les prochaines.

P.A : Ce fut une expérience très intéressante. J'ai, de la résidence de Maialen dans nos villages, le souvenir que nous étions tous très désireux d'aider Maialen à s'imprégner des réalités de nos villages. Dans le cas de Sartaguda, nous avons commencé par les sujets liés à la mémoire historique et nous avons terminé dans une plantation de pêchers. A Sartaguda, nous avons profité de la présence de Maialen pour présenter les inscriptions des noms de rues en deux langues et pour mener d'autres actions autour de l'euskara. A Lodosa, Andosilla et Mendabia l'expérience fut similaire, avec les particularités de chacune, mais avec le même but: lui faire connaître la réalité de nos villages et l'aider dans son processus créatif. Je pense que ce processus est visible dans le résultat de sa création : elle a su transposer notre réalité et refléter son expérience.

Quel accueil lui a réservé le public ?

K.E : L'accueil a été variable en fonction des disciplines artistiques. Il est évident que le théâtre attire plus de monde que la littérature. Le spectacle, les interprètes, le thème abordé sont autant d'éléments important pour faire venir le public, tout comme la période de l'année à laquelle a lieu la représentation. Dans notre cas, le cycle a débuté très fort, puis le final a été plus calme.

L'accueil du public a été très bon, et qu'ils se soient déplacés ou pas, ils ont très bien évalué le projet. Certains ont même applaudi l'initiative et remercié d'avoir lancé ce type de projet.

P.A: Dans la situation actuelle, et sachant combien il est difficile de faire se déplacer les personnes pour assister à des actions culturelles, les retours que nous avons des représentations que nous avons faites dans nos salles sont positives dans de nombreux aspects. Premièrement, les élèves des euskaltegi alentour se sont bien impliqués. C'est particulièrement motivant de pouvoir assister à des pièces de qualité quand on est en plein processus d'apprentissage. De plus, il est important, de développer l'offre culturelle en euskara, notamment dans nos théâtres.

Koro, vous-même, en plus d'être élue d'Hernani, vous êtes également la responsable politique du projet. Qu'est-ce qu'à supposé la mise en œuvre d'un tel projet ? Quel bilan faites-vous à l'issue de cette première édition ?

K.E: La responsabilité politique était collective, entre porteurs du projet, l'ensemble d'Udalbiltza et particulièrement le comité exécutif.

Plus que du travail, j'ai ressenti une vraie responsabilité. Bien sûr, comme c'était une première, nous étions sous pression car c'est un projet ambitieux. Nous avons même eu un peu peur, car l'enjeu était énorme, les communes devaient valider le projet, les créateurs devaient y croire et y participer. L'implication des communes était primordiale, et le budget était... important. Tout ceci me préoccupait.

Mais, quand on aime, on ne compte pas. L'espoir, l'envie et le fait de croire en notre projet nous a permis de relever le défi. Ce fut une très belle expérience. Quant au travail, le vrai travail, c'est l'équipe professionnelle d'Udalbiltza qui l'a fait. C'est grâce à eux si le projet a été couronné de succès. Donc, un grand merci à toute l'équipe !

J'en fais un bilan très positif. Créateurs municipalités, citoyens... tout le monde m'a paru content, et ça c'est formidable. Ce fut tellement bon, qu'on va remettre ça.

Et dans le cas du Haut Erribera, vous avez, dans le prolongement de ce projet, lancé l'initiative Porrusalda, pour le plus grand plaisir d'Udalbiltza. Pourquoi une telle initiative et à quel besoin répond-t-elle ?

P.A : Porrusalda est né à la suite de l'opportunité offerte par Geuretik Sortuak, soit le regroupement de plusieurs associations de la région œuvrant pour des activités culturelles en euskara. Jusqu'à présent, chacune organisait ses actions dans sa commune. L'expérience de Geuretik Sortuak a été une véritable occasion pour créer des liens au-delà du projet lui-même, avec une coordination des activités et un agenda commun. Comme cela a été dit lors de la présentation de Porrusalda, certains font tout depuis des années pour entraver l'euskara, mais grâce à l'activité des associations, l'offre culturelle de nos villages s'est enrichie et suppose une véritable contribution sociale. Porrusalda a permis de regrouper toute cette activité et rappelé que, bien que certains souhaitent faire disparaître l'euskara de Navarre, dans nos villages la demande sociale est de plus en plus forte en faveur de l'euskara. Nous faisons route vers la normalisation de l'euskara dans les contrées sud du Pays Basque. On retrouve actuellement au sein de Porrusalda l'association Lodosa Bizirik et Ibaialde Ikastola de Lodosa, Mendabiako Euskara Taldea, Andosillako Herriko Gazteak et Nafarroa Aurrera de Sartaguda, et l'objet à terme est de s'ouvrir à d'autres communes alentour.

Nous sommes déjà dans la préparation du prochain cycle. Que diriez-vous aux communes alentour pour les encourager à participer à Geuretik Sortuak ?

K.E : Le projet Geuretik Sortuak peut apporter beaucoup, que ce soit au niveau artistique, de la solidarité, du partage de responsabilités, de complicité, de diversité et de différences. Nous sommes une nation, et j'encouragerais tout le monde, association culturelles basques, municipalités et communes à participer à notre reconstruction nationale avec fierté et force.

Il me semble que dans peu de temps, Geuretik Sortuak deviendra un incontournable de l'agenda culturel du Pays Basque. Je leur dirais donc de se joindre à nous le plus vite possible. Nous ne voulons tromper personne : ça nous donne quelques maux de tête, mais surtout beaucoup de plaisir.

P.A : Pour nous, ce fut une belle expérience et enrichissante. Ça valait le coup de tous points de vue. En commençant par la résidence de Maialen Akizu et jusqu'au représentations de la pièce de théâtre de ces derniers mois, sans oublier le lien qui s'est créé entre les communes et les associations. En ce qui nous concerne, nous avons, dès le début, eu une très bonne relation avec Maialen, et les associations ont joué un rôle important dans la mise en œuvre du projet. C'est pourquoi, en plus d'encourager les communes alentour à participer à Geuretik Sortuak, j'en appelle également aux associations locales à s'impliquer dans le projet.